Les rudes Black Mountains sont un drôle d’endroit pour installer un village. Mais au début du 20e siècle, la Ruée vers l’or n’avait pas encore dit son dernier mot : Oatman allait prospérer jusque dans les années 30…
« étape précédente : Las Vegas
Trop souvent, les voyageurs empruntant la Route 66 la quittent pour bifurquer vers Las Vegas, puis la rejoignent directement à l’ouest de Needles, en Californie. Grossière erreur ! Ce faisant, ils économisent certes quelques dizaines de kilomètres de route, mais ratent la superbe « Oatman Highway » ! Un itinéraire que la Route 66 abandonna dès 1953, en étant redirigée plus au sud au sortir de Kingman, sur un tracé repris aujourd’hui par l’Interstate.
Revenons donc sur son tracé historique, avec ce grand détour par le nord à travers les Black Mountains et le petit village d’Oatman. C’était là le chemin emprunté par les premiers colons, puis par les prospecteurs à la recherche d’or.
Au départ, la route est toute droite, jusqu’à « Cool Springs« , une ancienne station service qui était tombée en ruines mais qui a été récemment restaurée et transformée en boutique de souvenirs… Mais ses horaires d’ouverture sont imprévisibles. Au pire, un roadrunner (oui, le « Bip-Bip » du dessin animé) viendra vous saluer !
Après « Cool Springs », la Route 66 part à l’assaut des Black Mountains. Pour les américains, peu habitués aux routes sinueuses, cette portion riche en virages et épingles avait quelque chose d’effrayant !
À l’époque où les voitures manquaient de puissance, certains locaux avaient pris l’habitude de gravir la côte… en marche arrière. En fait, ils en avaient tellement l’habitude qu’ils le faisaient d’une façon très détendue, un oeil dans le rétroviseur, un bras négligemment posé sur le volant, l’autre dépassant de la portière !
On imagine la surprise du conducteur venu des plaines, déjà apeuré à l’idée d’affronter la terrible « Oatman Highway »… Après pas mal de kilomètres de virages jetés au milieu d’un environnement éminemment hostile et sauvage, voici enfin le village d’Oatman.
Oatman tient son nom d’une famille de colons qui fut attaquée par des indiens en 1851. Olive, Mary et leur frère Lorenzo furent les seuls survivants du massacre. Lorenzo laissé pour mort, Olive et Mary Oatman furent capturées et employées comme esclaves. Mary finit par mourir de faim, mais Olive retrouva la liberté… cinq ans après sa capture.
Oatman compte quelques dizaines d’âmes, mais au plus fort de la Ruée vers l’or, 10 000 habitants vivaient ici. Entre 1904 et 1931, l’équivalent de 36 millions de dollars d’or y furent collectés. Clark Gable tomba amoureux de la région, au point d’y attirer son épouse Carole Lombard pour leur lune de miel, qu’ils passèrent au modeste Oatman Hotel le 18 mars 1939.
Puis le filon s’épuisa et les prospecteurs quittèrent petit à petit la ville. Le déroutement de la Route 66 plus au sud à partir de 1953 achèvera de sceller le destin d’Oatman, qui n’est plus qu’une ville-fantôme dans les années 60.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui : le regain d’intérêt pour cette portion de la Route 66, réputée à juste titre pour être l’une des plus belles, a reboosté le village qui dispose aujourd’hui à nouveau d’un hôtel, de restaurants, de boutiques de souvenirs, etc… Les touristes affluent, au grand bonheur des « wild burros », ces mules autrefois utilisées par les prospecteurs, et qui sont retournées à l’état sauvage… sauf lorsqu’il s’agit de quêter de la nourriture auprès des gens de passage !
Après Oatman, la Route 66 redescend doucement à travers un paysage toujours désertique en direction de la frontière californienne. La dernière étape de notre voyage débute…
vers la présentation de la Californie »
One Response to Oatman : la ville-fantôme est bien vivante !